*.. ^ * ^ .** -'V ^ E « .J^.**W: ■ Rg mmm '*&ri', i sn -i » fjT^ •>vy iìl\ hJ LES CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN AGh publiés sous la dircction de mahio roques LES CHANSONS DE GUILLAUME IX DUC D'AQUITAINE (1071-1127) EDITEEl PAR ALFRED JEANROY FARIS '$> \ IBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION, ÊDITEUR ŷ, QUAI MALAQUAIS (VT) 1913 INTRODUCTION' I. Biographie. - Guillaume, septième comtc de Poitiers, neu- vièmc duc d'Aquitaine, naquit en 107 1 : il n'avait que quinzc ans quand il hérita de son pérc, Guillaume VI (1086), des domaincs bcaucoup plus étendus quc ccux du roi de Francc lui-même '. Mais il nc possédait à aucun dcgré les qualités de l'homme d'État et son long règne nc lut qu'une succession d'entreprises hasardeuses et mal conçues, que couronnèrent de lamentables échecs. En 1098. faisant valoir dc prétendus droits de sa femme Philippa (ou Mahaut), fille uuique de Guillaume IV de Toulouse, il envahit les ctats de Raimon de Saint-Gillcs, qui guerroyait alors en Terre Sainte et les occupa quelque temps ; mais en 1101, cédanl sans doute aux injonctions de la papauté, gardienne bénévole des domaines des Croisés, il partit lui-mème pour la Palestine, à la tête d'une formidable armée, qui, après un long et pénible voyage á travers l'Europe et l'Asie Mineurc, fut taillée eri pièces, auprès d'Héraclée. Guillaume cchappa péniblement au désastre 2 , et, après avoir visité Antioche et Jcrusalem, il rcprit le chemin de l'Europe (1102). En 11 14, il fit une nouvelle tcntative sur lc comté deTou- louse, alors gouverné par un enfant de douze ans, Alphonse-Jourdain . ct il réussit à s'v maintenir quelques années. En 1 1 19, il fit alliance 1. Ces domaines comprenaicnt, outrc le Poitou et la Gascogne, le Limou- sin et l'Angoumois. Lcs comtcs de Poitou devaient parler de naissance un dialecte septentrional. mais ils étaicnt sans doutc forcés d'apprendre les divers dialectes mcridionaux quc parlait plus de la moitié de leurs sujets. II est intéressant dc noter quc c'est dans une languc apprise que Guillaumc a composé ses vers. 2. Certains historiens admcttcnt même, d'après un texte assez pèu pro- bant d'Orderic Vital. qu'il fut quelque temps prisonnier des Sarrasins. IV GL'II.I.AUME IX avec Alphonsc I er d'Aragon et lui atriena une armée qui l'aida à triompher d'une redoutable coalition de rois sarrasins. Entre temps et à plusieurs reprises, soit à la suite de ses empiétements sur les droits des églises, soit à cause du relâchement de ses mceurs, il avait été frappé d'excommunication. II mourut ie 10 février 1127, après avoir perdu toutes les conquêtes qu'il avait faites dans le Tou- lousain. L'ancienne biographie provençale quenous reproduisons en appen- dice auxchansons s'exprime, sur le caractère de Guillaume, en termes assez vagues. qui paraissent uniquement inspirés par la lectúre de ses poésies. Les historiens plus rapprochés de lui traduisent en termes plus pittoresques des impressions plus vives et plus nettes. Ce' qui paraît les avoir le plus frappés dans le personnage, c'est la légéreté de ses mceurs, le tour plaisant et sarcastique de son esprit, lè cynisme de ses propos, toutes choses qui donnaient à ce haut potentat toutes les apparences d'un jongleur. « Hic audax fuit et probus', dit Orderic Vital, nimiumque jocundus, facetos etiam his- triones facetiis superans multiplicibus >>. « Nugas porro suas, écrit Guillaume de Malmesbury, falsa quadam severitate condìensj ad facetias revocabat, audientium rictus cachinno distendens ». Et ils 'né tarissent pas eri anecdotes qui nous le mqntrent sous ces divers aspects 2 . C'est sans doute à la surprise provoquée par ce singulier con- traste entre sa condition sociale et le tour d'espiit manifesté par ses ceuvres que nous devons de pouvoir lire ses vers, aujourdhui \ ieux de huit cents ans, les plus anciens de tous les vers lyriques écrits dans une langue moderne. Quand, vers le milieu du xm e siècle, on se mit à former des anthologies de la poésie pro- vençale, il s'était conservé des ceuvres de Guillaume une portion 1. C'est évidemment le mot « preuz u que le chroniqueur latinise .linsi. 2. La plupart des textes relatifs à l'histoire de Guillaume ont ètéréu'nispar Hauteserre (voir ci-dessous p. v, n. 4) et par M. Sachse ; les plus importants relatifs à son activitc littéraire ont cté cités in extenso par Chabaneau, Biogra jìhies des Troubadours, p. 6. — Ginguené a donné au tome IX de L'Histoirr ìittèraire (p. 57) un bon résumé des notices historiques antérieureSi • UIOGRAPHli:. — IKAV.U\ AN' I EKIi:i Ks V ble'et àssez répandue pour avoir pu éntrçr dans des recueils de provenance trcs diverse. II. ÉOrnONS HT TRAVAUX ANTÂRISURS. — GuÌllaUIlie IX Cbt aussi un dts poètes provençaux qui ont été le plus souvent cités pai les critiques modernes. Les historiens du xvnt et du xviif siécle qui le rencontrèrent sur leur route furent informés de son t.dent poétique, niais ils mcntionncrcnt scs oeuvres sans lcs avoir lues. Tel est le cas, par exemple, de Besly ( 1657), 4 LU emprunte mani- :nent à Guillaumc dc Malmesbury et Orderic Vital tout ce qu'il sait de Guillaume poète *. Caseneuve, qui affirme avoir « veû sous le nom de comte de Poitiers tout plein de beaux vcrs dans l'ancien recueil de poésiés provençales 5 », s'était évidemment bprné à les voir », saus aller jusqu'à les lire. Lc premier qui parait avoir cu cc courage fut lo jurisconsulte toulousain Dadin de Hauteserre,quiinséra deux pièccs complètes de Guillaume dans son Histoire d' Aquilaine ; c'cst peut-être pour se faire pardonner cette témérité qu'il les traite de « bagatelles puériles et séniles4 ». Cette consciehce ne devait pas se retrouver chez tous les érudits du xvine siècle. Crescimbeni, qui considère Guillaume commc ie plus ancien des a verseggiatori », lui attribue (d'après unc fausse inter- prétation du célèbre passage d'Orderic Vital) « il viaggio di Gerusa- lemme » et des poésies amoureuses *. On comprend que lcs véné- 1. Sur les pièces perdues. voy. plus loin, p.vni. 2. Histnirr des cotntes de Poitou et ducs dr Guyerine, París, 1047, p. 121. 5. L'Origine ilts Jeux fleureaux (sic), Toulousè, 1659, P- 39- ^ c livre avait été écrit longttmps avant sa publication, l'áuteur étant mort en 1652. 4. Rerum aquitanicarum libri quinque... a Clodoveo tul Eleênoram (sic) uique, autore Ant. D.idino Alteterra, antecessore lolosano, Toulousc. 16,7. Les deux pièces deGuillaume (XI ct \ r de cette édition) sont aux p. 499 ct ;oi ; clles sont exactement reproJuites (sauf de nombreuses fautes de lecturc ct quelques lettrcs omiscs par pudeur au v. V, 79) d'après lc ms. C, qui -,e trouvait alors à Toiilouse ; c'cst éviJemment à ce manuscrit, le scul comiu des érudits mériJionaux, que se rapponent les paroles de Caseneuvc citécs plus haut. S'il publie ces vcrs. c'est, dit Hauteserre, « in gratiam antiqui tatis, qua: etiam puerilibus et anilibus nugis gratiam et auctotitatem cpn ciliat i) ; il qualifie li piece V dc ■ amatorium ac pcrineptum carmen -. $. Deir istoria della volgar poesia, éd. de Yenise. 175 1. [, 6. VI GUILLAUME IX rables Bénédictins qui compilèrent YHistoire de Languedoc n'aient pas cru devoir lire toutes les poésies de Guillaume; les quelques iignes qu'ils leur consacrent nous les monttvnt au reste fort bien informés '; ceux de leurs confrères qui rédigèrent le tome XI de VHisloire littéraire (1759) 2 ne crurent pas devoir faire davantage : ils s'occupent longuement de Guillaume comme personnage histo- rique, mais ne consacrent à « ses écrits » qu'une page, empruntée tout entière à Crescimbeni et à D. Vaissete; les renseignements donnés par ce dernier sont au reste reproduits assez inexacte- ment ' . Les articles de Millot et Papon, fondés l'un et l'autre sur l'étude directe des textes^, sont également agréables et intelligents, le pre- mier plus riche en remarques littéraires, le second en observations historiquesqui conservent encore leur intérêt. Quand l'Insiitut reprit, en i8o8,l'ceuvre interrompue des Bénédicíins, on compritsans doute qu'une histoire qui s'intitulait « littéraire » devait au plus ancien des poètes lyriquesen langue vulgaire mieux que les vingt lignes dutome XI; Ginguené, qui fut chargé de combler cette lacune, s'acquitta fort mal de sa tâche : il ne fuit guère que répéter, en d'autres termes, l'article de Millot, se bornant, en fait d'additions, à citer, en cinq ou six fragments, une vingtaine de vers>. La publication pre^que intégrale des textes par Raynouard (1818- 20) et Rochegude (18 1 9) allait enfin permettre à Diez d'écrire uu article approfondi, vrai modèle, en sa brièveté, de pénétration et de 1. Hist. de Languedoc, t. II (1733), 247 (éd. Privat, III, 411). Ils avaient lu les deux pièces publiées par Hauteserre, vu nos deux mss. / et E et lu au moins la hiographie qui se trouve dans le premier. 2. Réimp. Palme, p. 3744. Les auteurs soni D. Taillandier, Clémencet et Clément. 3. Ils renvoient bien à un des mss. cités par D. Vaissete (/), mais ils n'avaient certainement pas ouvert ce ms., car ils prétendent que Guillaume y 1» est placé à la tête de ces poèies [provençaux] et tient le premier rang dans ce recueil » ; or la pièce de Guillaume est à la p. 142. 4. Millot. Histoire litteraire des troubadonrs (1774), I, 1-17; Papon, His- loirc gêncraìe de Provence, I! (1778), p. 422-30. Tous deux ont iravaillé sur les copies de Sainte-Palaye ; ils ont ignoré 1 un et l'autrenos pièces II et X, dont la première ne se tiouve que dans le ms. .V (alors à Toulouse, dans la collection Mac-Carthy), l.i seconde dans ce ms. et dans a. 5. Hist. liltcraire, t. XIII (1814), p. 42-7. BDrriONS ET rRAVAUX ANTERIEURS VII scns rirtéraire ■ ; celui de Fauríel 2 , moins précis et moins juste, lui est, en somme, quoiqu'il contienne des remirques d'une portée plus générale, bien inférieur; les traJuctions de Diez, quoique versifiées, sor.t surtout beaucoup plus exactes '. II ne me reste à mentionner que deux dissertations parues en Allem.igne : celle de Carl Barth 4 est sans valeur; celle de Max Sachse 5, outre des recherches historiques qui n'apportent rien de nouveau, contient sur quelques points des remarques intéressantes. Ce fut Adalbert von Keller qui tenta, pour la première fois, de réunir les ceuvres de Guillaume IX. II en donna en 1848 une sorte lïedilìo privata, tirée à très petit nombre d'exemplaires 6 ; deux ans apres il enpublia une seconJe, en collaboration avec LuJwig Hol- land 7. Cette édition, au reste médiocreet incomplète 8 , est depuis longtemps épuisée. 1. Leben und IVerhe der Troubadours, 1829. p. 3-16, Diez a ìgnoré, conime Millot et Papon (voy p. VI, n. 4), les pièces II et X. — Dans ses Osseiva- y'oui sulla poesia dei trovatort. qui parurent la mème année que l'ouvrage de Diez, Galvani a traduit et citc quelques fragments de GuillaumelX (pp. 28, 46, S'7)- 2. Histoire de la poéie provençale, 1847. I, p. 4 "52-75 . On sait que cet ouvrage se compose de leçons professées en 183 1-3 Fauriel, par une erreur Je c.ilcul. dit n'avoir conuu quehuit pièces. II ne parait pas avoir consulté l'ouvrage de Diez, bien qu'il 1 ait mentionné dans sa leçon d'ouverture 1 ibid , p. vm). 3. RaynouarJ (Choix, II, p. lxviii) avait aussi do'.iné unc sorte de para- phrase de la piéce XI ; mais il estmanifeste qu'il a visé plutòt à l'élégance qu'á i'exactitude. 1 . Ueber das Leben un i die Werke des Troubadours tVilbein IX, Grafen von Poitiers, Hil lesbeim, 1879. 5. Urher das Leben und die Lieder des Troubadours H'ilbcim IX, Grafvou Poilou, Leipzig, 1882. 6. Lieder Guillems IX, Grafen von Peitieu... hersg. v. Ad. Rellcr, fúr den HerausgebergeJrucln beiL. F. Fues ; Tùbingen, Zu VVeihnachten 1848, in-8 de 12 p. 7. Die Lieder Guilleins IX, Gra/en von Pciticu... hersg. v. W. Holland und Ad. Keller; Túbiiiíen. Fues, 18^0, in-8 de 32 p. 8. II lui manque les pièces II et X et les dcux p r emières strophes de V ; elle a en plus 'a poésie Enaissi entn son plus car (Bartsch, Ver^eichniss, 457, 12). Nullement cntique, elle n'cst mème pas fondee sur une étuJe personnelle et compléte des niss ; Reller èut á sa dispoMtion, outre une copie compléte de C et une p.irtielle de £ (exécutées par Michelant), quel )ues extraits de ce dernier nis. communiqués par Diez (p. 4, 5, 30); dans les. notes. aux leçons des mss. sout mèlées, sans utilité, celles de Jifférentes éJitions, lesquelles ne sont souveut que des fautesde lecture. VIII GUlLLAUMh IX Sur les onze pièces qui nous restent, neuf ont été publiées, aprés revision des manuscrits, dans les anthologies de Bartsch et de MM. Appel et Crescini '-. J'ai pensé néanmoins qu'une édition vrai- ment critique, fondée sur l'étude attentive de tous les manuscrits, serait la bienvenue etj'ai donné cette édition en 1905 2 . Je la repu- blieiciavecquelquesaméliorations ;celles-ci sontdues presque toutes aux critiques qui ont bien voulu s'occuper de mon premier travail . III. QEuvres apocryphes ; pièces perdues. — Les questions d'authenticité ne nous arrêteront pas longtemps. M. Suchier a montré dcs 1874 'que Guillaume n'avait en rien contribué à la com- position du jeu parti N' Ebles, aram digatç, que Bartsch avait fait entrer dans la liste de ses ceuvres (183, 9). C'est aussi à tort que le ms. C lui donne la pièce Enaissi cum son plus çar (457, 12), revendiquée pour Uc de Saint-Circ par six mss. ; M. Sachse a fait valoir, en faveur de l'attribution à ce dernier, des raisons qui me paraissent décisives 4. , Quant aux autres pièces, je les attribue à Guillaume d'aprés le témoignage des mss., qu'il n'y a pas lieu de suspecter; pour huit d'entre elles, ces manuscrits appartiennent à des familles diffé- rentes, dont l'accord a un grand poids ; les deux autres (II, III) ae portent son nom que dans un ms. unique, il est vrai ; mais elles se rattachent étroitement, par leurforme, à une autre (I), sûrementau- thentique et portent, pour ainsi dire, leur marque de fabrique 5. Mais les onze pièces que je réimprime ici n'étaient pas les seules que Guillaume eût composées ; Orderic Vital nous dit qu'au retour de sa croisade il se plaisait à raconter « devant les princes, les grands et les assemblées chrétiennes, en vers rythmiques, avec de joyeuses modulations, les misères de sa captivité ». La mention des « modu- 1. Bartsch: pièces II, VI, VIII, XI ; Appel : I, IV, V. VIII, IX, X ; Crescini : I, XI. 2. Annales du Midi, XVII, 161-217. 3. Jahrbuch fiir rom. und engl. Literatur, XIV, p. 120. 4. Op. cit., pp. 38-43. Les observations sur le mot vers, opposé à chanso (v. 40), doivent ètre supprimées, vers reprêscntant là verus, non versus. 5 . Dans a une seconde version de X est attribuée (p. 241) à Jaufré Rudel : mais cette attribution est contredite plus haut par le même ms. (p. 202), ici d'accord avec N. CEUVRES APOCRYPHES ; PIÈCES PERDUES IX lations », lc í.u't que Guillaume récitait lui-même ces vers prouve qu'il s'agit icî, non d'une sorte de chanson de geste, comme on l'a cru parfois '. miis d'une poésîe de courte haleine, lyrique de forme, quoique narrative par le contenu, assc/ analogue sansdoute á notre pîèce V. On a souvent citéle passageoù Guillaume de Malmesbury prétend quele comte de Poitiers avait eu L'idée, aussi extravagantc que scan- daleuse, de fonder à Xiort, sur le niodèle des monastéres de Char- treux, certaine abbatiam pellicum ». M. Rajna a fort bien mon- tre : que le chroniqucur avait pris pour une réalité une fantaisie de poéte, et que nous avons lá simplement une allusion à une piéce perdue, qui, contenant des noms propres, put bien en son temps causer quelque scandale. Je me demande si ce n'est pas de la même façon qu'il faut inter- préter deux autres passages très analogues. Le même historien raconte que Guillaume avait fait peindre sur son bouclier l'image d'une vicomtesse, sa concubine, « perinde dictitans se illam velle ferre in praslio, sicut illa portabat eum in triclinio ». Je ne pense pas que Guillaume, malgré le sans-gene de sa conduite, ait osé pousser le cynisme jusqu'á arborer sur ses armes le portrait d'une femme de quaiité, enlevée à son légitime époux ; l'idée a pu être exprimée au contraire dans une de ces facétieuses gasconnades comme nous en avons gardé quelques-unes ; et l'antithèse mème dont le chroniqueur nous a conservé le souvenir ne fournissait-elle pas à une pièce de ce genre un trait fìnal tout á fait réussi ? M. Chabaneau a conjecturé avec vraisemblance s que notre Guil- laume pourrait bierí étre lehéros d'une anecdote racontée pâr Etienne de Bourbon, au sujet d'un certain comte de Poitiers, lequel, s'étant déguisé pour faire difïérents métiers et en comparer les agréments, aurait fini par donner la palme à celui des marchands fréquentant les foires, « qui intrant tabemas, in quibus inveniunt promptas et 1. Millot, of) . cit., p. 16. M. Sachse (p. 21 n.) rappelle que Guillaume n'a pas été faít prisonnier et v^ut preudre captivitas au sensmoderne (a. fr. cbaitir/ete), comme synonyme Jc imserias. M&ìs il se peat que le clironiqueur a'aiteu de l.i pièce en question qu'une coonaîssance assez vague. 2. Roinauia, VI, 249 ss. ; cf. Chabaneau, op. c/7., p. 7. 5. Rrvue des langues romanes, XXIII, 98. Giiillaume IX U X GUII.LAUME IX paratas quas volunt delicias », et qui seraient parfaitement heureux, si ne survenait bientôt la cruelle nécessité de solder la note de leurs dépenses. N'est-ce pas lá encore une fantaisie purement poétique et qui pouvait fournir matière à de jolis développements? IV. Langue et versifjcation. — La langue de Guillaume IX est, à quelques traits près, celle des autres troubadours : ce sont uni- quement ces traits particuliers que nous nous proposons de relever. L'un des plus frappants consiste en ce que é [fermé] latin, qui reste è dans lepr.ovençal commuri, se transforme en ei ; en effet, les mots venant de è pur riment avec ceux qui remontent á è -f- v (= ei en provençal commun) '. Cette confusion, qui ne s'observe dans aucun des dialectes méridionaux, est fréquente chez Ies troubadours, quel que soit leur pays d'origine 2 ; elle se trouve aussi dans plusieurs textes épiques, comme Girart de Roussillon et Aigar et Maiuin 5. Un autre trait non moins caractéristiqueest la vocalisation de / (ou //) finale après a (IV passim, VII 39). Cette vocalisation, fréquente chez les troubadours les plus anciens, parait avoir été évitée par ceux du xm e siècle .*. Dans le premier de ces traits, on a voulu voir une influence « française 5 » . Ce n'est pas assez dire ; ce n'est pas à un dialecte quel- conque du Nord que Guillaume le doit, mais à celui-là même qui était parlé dans la capitale de ses Etats. La transformation de é en eì est en effet normale en Poitou comme en Saintonge 6 . 1. II : mri, trei, crei, fei, incrcei, conrei, palafrei ; III : conreis (écrit con- rcs), agueis, preis, deveis, trcis, espeis, seis. Dans la pièce III la graphie p.ir <• a siibsisté pour plnsieurs mots (M. Sachse a eu le tort d'y voir de simples assonances), mais l'exemple de la pièce II nous autorise á rétablir partout ei. 2. Par ex. Cercamon (n° III de l'éd. Dejeanne), Marcabrun, B. de Venta- dour, B. de Born, Sicart de Marvejols (Rayncuard. IV, 191). 3. Voiréd. Brossmer {Romanische Forsihungeii, XIV), p. 21. 4. Voir Aigar et Mavrin, les tableaux des rimes placés à la suite des dissertations de Harnisch et Mann (Ausgaben und Abbandlungen, n os XL. XLI) et le livre d'ErdmannsdcerfFer, Reintuviieiinich der Tronbadours, Berlin. 1897. ■•,. Crescini, Manualetto provenxpXe, 2° éd., 1905, p 8. 6. Gcerlich, DiesûdwestlicbeDialekiederlangued'oïl(daasFran^ôsiscbeStudien, III), p. 38. En limousin ancien, c reste c; le son ei, fréquent en limousin mo- derne, provient de è. libre, de è -\- s devant consonne, ou du suftìxe -ensem IGOE BT VliRSII ICATION Xi i.c second pourrait p.isser pour un gasconisme ; mais, chez lés troubadours gascons eux-mêmes, il serait le seul, et on ne voit pas, si le diatecte gascon avait joui d'une prééminence littéraire, pourquoi (luillaumc lui aùrait íiit ce seul emprunt; cette particularité sè rrouve au reste chez des troubadours qui n'out rien à voir avec la Gascogne '. II re-te donc qu'il soit, comme lc premier, un poitevi- nisme ; . Cc ne sont pas, au rcstc. les seuls. j'cn vois un autrc dans cette lorme joy, si intéressante pour l'histoire des origines de la poésie de cour. Le limousin, s'il change g latin eny devant . C'en est un autre enfln, et trcs caractéristique, que l'infìnitit gua-' hier (VI 43), auquel il taut s;ins doute ajouter doblier (ib. 52). Ces infinitifs en -ier sont de véritables bárbarismes, même en poitevin : la « loi de Bartsch » ne s'exerçant pas dans ce dialecte, les infinhifV même où l'fl cst influencé par un yód sont en e pur. Mais c'est un fait que ces formcs hvbrides en -ier ont été usitées en Poitou : on les' trouve, par exemple, dans une chanson de Richard Cceur-de-Lion, lui aussi comte de Poitiers +. On peut supposer que lcs écrivains du Poitou, connaissant. dans lesdialectes plus septentrionaux, l'existencc (voir Chabaneau, Grammaîre limousine, p. 25 et 249). — C'est ce qu'a déjà remarqué M. II. Karch, Dic nordfran%òsiscben Elemenie im Altptovenxflliscben (diss. de Heidelberg), Darm-tadt, 190 1, p. 26 1. On pourr.iit v voir, chez B. de Uom et G. de Puycibot, un limnusi- nisme; mais cette explication ne serait pas valable pour Peire Vidal, Ram- baut d'Orange et A. dePcgulhm (Mahn, Gedichle, 604); je ne p.iHc pas de Jaufré Rudel, chez qui on pourrait voirlà une infìuencc gasconne. 2. La vocalisation de / ìinale est normale en Poitou, Aunis et Saintonge iGoerlicli,(j/). ril., p. 20). 3 Cf. /><>y de paucum, relevé par M. Gcerlich dansle Turpin saintongeais;, M. Settegast, qui .1 étuii-J d'une t'açon si complète l'emploi du m a (Joi in, iler Sprachf der Troubadours, etc, dans Bericòte úber die Abbandlitiigcn tla . íâchs. Gescllscb. dcr IVisscnscb., t. XL!, 1889), n'en a pas recherché avcc pré- cision I'originc. II suppose (p. 152) que joi, jii, ^ut^ apparticnnent á troi-, dialectes méndionaux. M. Crescini (Màn , p. 22) attribue /0/ à une iulUu-nçc. française. De mème M. Karch, <>/>. «/., p. 27. 4 Brakclmann, Les plus ancicm cb.msonniers français (Ausgdben, n ' X' p. 22. II y en a aussi quelquesexemples dansle ms. B dc Girart dc Roinullon. que M. P. Meyer ocalise au sud du Poitou. XII GUILLAUME IX d'infinitifs en -ier, ont accepté ccs formes pour la commodité de la versilìcation et leur ont même donné une extension fautive ' . Je citerai enfin enclostre (VIII 19) et reteuir (IX 33); le premier de cesdeux mots est conforme â la phonétíque poitevine; lesecond a dù être emprunté à un dialecte septentrional quclconque; on sait qu'il s'est perpétué- dans la langue destroubadours 2 . II y a dans la pièce VIII (str. iv) quelques formes qui méritem d'être relevées, quoiqu'elles n'aient pas d'intérêt au point de vue dia- Iectal ; deslonja, ponja (au lieu de deslonha^ponha) ' ont dû être appelés par la rime : ces deux graphies doivent au reste représenter des sons à peine difierents. Cettc influence trcs sensiblc du dialecte du Poitou sur la langue courtoise explique lcs noms de « son poitevin », « chanson poite- vine », qui sont souvent donnés à des poésies provençales ♦. La versification, chez un poète aussi ancien que Guillaume, pré- sente un intérêt tout particulier. Voici d'abord le tableau dcs formes de strophe qu'il a emplovées (les italiques désignent les rimes fémi- nines) : I, II, III : : 11 a 11 a 14 a. IV, VII : 8 a 8 a 8 a 4 b 8 a 4 b. V ;8a8a8a4'b Sx^b. VI : 8 a 8 a 8 a 8 a 4 b 8 a 4 b VIII : 7 1/ 7 a 7 a 7 b 7 a 8 b. IX , , abba ab (vers de 8 s.). X : aab cbc (id.) XI : aaab (id.) 1. Cette explication est un peu différente de celle qu'a donnée M. P. Meyer {Danrelet Beton, p. xlvii). On sait que les mêmes fautes se trouvent aussi dans ce poème, dans Aigar ct Maurin. Fierabras et la Cbanson de la Croìsade. Si 1 êpopée méridionale s'est furmée, comme il est vraisemblable, dans une région limitrophe du Nord, il n'est pas étonnant d"y trouver des emprunts, mème fautifs, anx parlers septentrionaux. 2. C'etce que constate \i. Vidal (èd. Stengel, p. 87); c(. Appel, Cbrest., XXXV. La forme iure (: escrinre, etc.) n'e^t pas septentrionale et M. Karch (p. 31) a tort de la citer. — Estu* scrait plus correctque esluy (IV. 41). 5. G'n/'.i se trouve fréquemin-nt á coté de coinda, cuenbda (voir Appel. Gloss.). 4. Voir Romania, XIII, 21, ct XXII, 576. Je ne vois pas. je l'avoue, sur I.IÍM 1 H \ I U >\ On rcmarquer.i qu'aucune de ccs forraes n'est soumise a la loi dc l.i tripariition, q'ii bientòt s'iraposera d'une faç >n presque absolue i i.i Ivrique méridionale. Cclle dc la pièce IX, l'unedes compositions le plusncttemcnt courtoises,s'enrjpproche, à vrai dirc, puisquelesdeux ■ picds» se correspondcnt inversement ; niais la coda nc s'y oppose pas nettement, offrant lemême nombrc dc vers et les mêmes rimes. Touus les autrcs forines sont des variantes dc detix types très simples et fort anciens, dont ce n'est p.is ici lc lieu de rechercher l'origine. Les piéccs 1, II. III sont conçues dans la forme du couplet mono- rime, commune, au début, à la poésie épique et à la poésie lvriquc mais qui dcvait nccessairement, dans ccttc dernière, se composer d'un nombre fixe de vers. Pour bien marquer la fin du couplet, le troi- sième vers est ici plus long que Ics autres. La pièce XI nous offre une varicté de cette forme, où la fin du couplet est marquée par un vers de rime différente (laquclle est unique pour toutc la pièce) qui tient la place d'un ancien relrain. Toutes les autrcs pièces, sauf unc (X), nous offrent dcs variantes dc la forme trcs simple, probablemcnt d'origine populaire comme la précédente, en aaabab, où il est légitimc de voir unc transformation de lastrophemonorime suiviede refrain '. Dansla piéce V,qui repro- duit probablemcnt la formc primitive, lc v 5 nc rimc pa% sauf quand la rime se présente d'clc-mêmc : il serait donc Iégitime de considcrcr les v. 5-0 comme n'en formant qu'un et tenant la place d'un ancien refrain, composc d'un long vers 2 . Dans la forme de la pièce X on peut voir une modification de la quoi sc fonde l'opitiiorj, ^tnéralenient admise, que Guillaume a composé cn limousin, ou du moins i|ue le limousin est le l'ond de sa langue (Saclise, p. 10). Chibaneau était aussi trés affirmatif sur ce point (Rei'ue tfes langues rom., XXXV, 382). Pourtant je ne trouve aucun limousi- nisme attesté p.tr l.t rime. et dans le corps mème des vers je ne vois guère .1 relever que le changement d.tns certains mots (caractcnstijues, il est vrai. commtcb.inlar, jau^ir, qui, au reste, serait en limousin jauvtr), de c, g en b. ) devant a. 1. Sur cette forme, voir Diez, Altrom. Sprachdenhnale, p. 122, et mes Orii;iiies de la poésielyrique, p. 397. 2. A noterdans VIII li préseitce d'une sorte de refrain intérieur (le mot am au v. 4 de chaque couplet). Ki\ GUILI.AUME IX forme en question, ou hi tète de la strophe serait réduiteà deux vers. les trois derniers formant urre coia s'ajoutant à í'ancien vers-refrain. qui se trouve ramené au milieu de la stroplie ; on peut y chercher aussi une modification de la vieille « strophe couéc a (aab ccb) dont le premier membre seul aurait été conservé '. Au point de vue de la liaison des couplets par la rime, nous avons des coblas singulats dans V (où les deux rimes changent), dans IV, VII, VIII, XI (où la rime en b est unique), des còblas doblas dans VI. des coblas unissonans dans IX, dont j'ai dejà noté le caractère nette- ment courtois ; dans X, nous avons deux séries de strophes (2 4- 3). mais la seconde offre, dans un autre ordre, les mêmes rimes que la première (a, b, c deveuant respectivement c, a, b). Les formes de vers sont peu nombreuses : c'est le vers de 8 syl- labes, si fréquent dans )es plus anciennes poésies, qui est en majo- rité ; il est employc seul dans IX, X, XI, associé au vers de 4 dans IV, V, VI, VII, au vers de 7 dans VIII. Ce vers est partout mascu- lin. II est remplacé par un vers féminin dans VIII 2 . Les versemployés dans les piéces I— III, sont particulièrement inté- ressants, à cause de leur rareté. Ce sont des vers à mouvement tro- chaïque, ceux de onze syllabes coupés en 7 -f- 4, ceux de quatorze en 7 -f- 7 ;. La façon dont est traitée la césure est particulièrement notable, étant tout à fait differente dans ces deux types. Vers de 1 1 s. : dans la pièce I, sur 18 v. il v a 15 exemples de cé- sure masculine, 2 de césure à I'italienne, c'est-à-dire où une atone finale est compléedans l'hémistiche suivant (7, 8) t: dans la piéce II, 1. Je ne s.iis comment Sachse (p. 44) .1 pu rattachet VIII aux formes courtoises. 2. 11 semble que le vers feminin de 7 s. ait cté longtemps considéré(ia syllabe atone n'étant pas vraiment muette) comme l'équivalent du vers masculin de 8; nous avons, comme ici, l'associatiòn de ces deux sortes dc vers dans une pièce de Cercamon (1 de l'éd. Dejeanne), et, ce qui cst plus singulier, dans un poème didactîque, le Bvevian d'Ermengau. 3. On sait que Bartsch (Zeitscbrift fiir rom. Pbih, II, 195) a voulu leur attribuer une origine celtique ; il a été réfuté par d'Arbois de Jubain- ville et G. Paris {Romania, IX, 177). De nombrcux exemples en ont été réunis par Diez (Altrom. Sprachdehkmale, p. 125). Bartsch (ìoc. cit.) et moi- rnême (Origines, 343). 4. Le v. 14, où I'atone estélidée, ne rentre dans aucun desdeuxcas. VERSIFICATION $ur 14 v. il \ .1 8 cés. raasc, ; cés. à l'italienae ; dans ta piecelll, sur 12 v., çcés. masc, í cés. à l'italienne Dans aucunexies pièces. il n'v a de césure épique. Vers de 14 s. : ici, au contraire, la césure épique est fréquentc, ct complètement absente la césure à L'italienne. Dans I (9 v.), 2 cés. cp.. 7 cés. rnasc : dans II (8 v.), 7 cés. ép., 1 cés. masc (doutcusc, au v. 18); dans III (7 v.j. toutes cés. épiques (sauf peut-ctre au v. i 9 v- II v b chez Guillaume, comme chez tous lcs anciens poetes, un certain nombrc d'allitérations, mais elles ne sont ni asser nombreuses, ni asse/. frappantes pour qu'on puissc lcur attribuer un caractérc intentionncl : M. Sachsc, au rcste, les a déjá rclcvécs (p. 52). Lc même critique a cru découvrir des assonances dans III ; j'ai dcjà dit (p. x, 11. i) qu'il s'était trompé •'. II y en a pour- tant, mais ailleurs ; elles sont presque toutes dans la pièce V, don^ la versification présentc, on l'a vu, d'autres traces dc négligence : albergiiem 33, apareillem 75 (: en), valor 39 (: os), ves (corr. vetỳ 70 (: es). On pcut encore signaler le v. 81, où coreg^ serait plus correct quc conet; : mais cette altcration. très lcgère, peut être mise sur le compte de la rimc. Dans les autres picces, je ne relève que bellasor IV 35 (: ort) et tii;i VII 29 (: is) ;. Dans VI (str. v, vi) et IV (str. vi bis, dans E), la 3 e pers. sing. du futur rime avec des a fermés ; mais cela constituc à peine une licence ; plusieurs poctes associent à cette rimc non seulcment les monosyllabes en a(pu leurs composés), mais les 3 émes pers. des futurs (composées avec habct)'». Je citerai encore quelques excmplcs intércssants d'hiatus, dc CII 5), dc a (IX 36), dc e (X 10). et dc svncrèse (no atna, V 8; co'.<, IX 14). 1. Cette questionde la césurc avait déjá été traitée par Bartsch (loc. cil.) et Sachse (p. 49); si je l'ai reprise, c'est que l'exposition du premier est incomplète, celle du second assez confuse. 2. II y a quelques fautes contre la déclinaison, qu'il faut évidemment attribuer aux exigences de la rime : I 1 3 ; V 9, 59 ; VI 62. 3. Le mot termine le cinquième vcrs qui. dans la pièce \ T . n'a générale- ment que des asscnances. 4. Voy. Erdmannsdoerff'er. op. rit.. p. 75. XVI GUII.I.AUMI IX V. Le poète. — Diez ' partage les poésies de Guillaume en trois cat.'gories seloa que l'inspiration en est « sensuclle », « tendre » ou « scrieuse ». J'adopte cette division en y faisant rentrer les deux piiìces que Diez n'a pas connues. Le dernier groupe ne comprend qu'une pièce (XI) ; le second se compose des pièces que nous appellerions plutôt « courtoises » (VII-X). Je réunis dans le premier des piòces que M. Sachse z sépare à tort, c'est-à-dire les trois « romances » commençant par Companho (I-III), le coq-à- l'âne (IV) et les deux amusantes gasconnades (V, VI) qui ne s'en distinguent que par la forme et sont d'inspiration très analogue. II serait bien intéressant de savoir ce qui, dans ces dcrnières pièces, appartient en propre à Guillaume, ce qui remonte à une tradition antérieure. Le comte de Poitiers, malgré ses dons très réels d'imagi- nation, n'est pas l'auteur de toutes les bizarres fantaisies dont riaient à gorge déployée ses « compagnons », sans doute des compagnons de table et de débauche. L'équivoque sur laquelle repose la pièce I était connue dès l'antiquité ; la pièce V repose sur un conte qui devait être, comme l'a indiqué Diez, repris par Boccace 5; lieux communs aussi, les vantardises qui forment le début de la pièce VI, les non- sens contrastés qui remplissent la pièce IV, et probablement enfin les plaisanteries (II) sur l'inutilite des précautions prises par certains maris ■*. II reste donc une somme d'invention assez mince, et les plus folles imaginations de ce jougleur couronné nousapparaissent comme des variations sur des thèmes connus. Ce qui est plus intéressant, c'est de découvrir, « en germe • , comme Diez l'a fort bien dit, les principaux traits ou lieux communs qui caractériseront bientôt la poêsie de cour, et même certaines ex- pressions dont elle usera jusqu'à son extrême déclin. L'espèce d'exaltation mystique qui a pour cause et pour objet à la fois la femme aimée et l'amour lui-même était déjà désignée sous j . Op. cit., p. 7. 2. Op.cii., p. 28 ct 51. }. Dccamcron, III, 1 . 4. Dcs réflexions analogues, présentées sous une forme plus sérieuse et plus àpre, remplissent, on le sait, Ies paésies ài Marcabru, et ne sont pas rares dans celles des premiers troubadours (Cercamon par exemple). XVII le Dom de joi ; l'hymne enthousiaste que le poète entonne en son honneur (IX) et qui est une de ses productions les plus réussies ■ suppose naturellement l'existence de la chose et du mot. Dès cette époque cxistait aussi l'assimilation du « service » amoureux au ser- vice íeoJal -. D.-s cette époque, enfin, étaient lixées les attitudes respectivcs de la fcmme aiméc et de l'amant : l'une, dcJaigneuse, inexorable (VII, str. n, ni ; VIII i ; IX 44 ; X 7-9); l'amant repoussé (VII, str. 11, m), timidc au point de n'oser se déclarer (IX 46; X 10)', comptant sur la patience comme le meilleur moyen d'arriver .1 ses fìns (VII, str. 11) : déjà l.i femme cst louée pour ses qualités mondaincs (IX 21) et l'amour est considéré, pour l'homme, comme la source dc ces mêmes qualités (VII 55-6). Mais, d'autre part, les idées ne sont pas encore poussées au point d'être ridicules ou déraisonnables : Guiilaume ne parle nulle part de son indignité et ne se répand point en humblcs protestations. Non seulement l'amour ne se donne pas comme platonique, mais l'expression du Jcsir sensuel revèt des formes très crues, parfois presque brutales (VIII, str. iii ; X 24 ; cf. IX 6)4. Elle commençait enfin à s'im- poser, cette convention, qui devait devenir si tyrannique, de com- mencerles chansons d'amour par la descriptiond'une saison,particu- lièrement du printemps s. De ces remarques, on peut conclure avec certitude que les condi- tions sociales d'où sortit la poésie courtoise existaient avant le début du xn e siècle ; cette poésie en effet avait dès lors ses principaux. lieux communs, sa langue, ses formules. Que Guillaume IX n'ait point été Ic premier des troubadours, c'est ce qu'on a inféré dcpuis longtemps de la perfection relative de son style et de sa versification 6 . 1 . On peut lui comparer, au point de vue du mérite poétique, une strophe (X, m) d'une gráce vraiment délicieuse. 2. Vov. lì. \Vechsslcr, Fniueiidiensi und Vatsalitât, dans Zeitschrift fiir fran^. Sbracbe, XXIV, 159. L'emploi dcs cxpressions escriure en sa carta et retenir (Vlll 8, 26) est tout à fait probant. 5. Cf. les exprcssions celar et b'andir (IX 59). 4. I)e méme dans la plupart des anciens truubadours : Marcabru, Cerca mon et mcme B. de Ventadour. 5. Sur quatre chansons d'amour, deux commencent par une description du printemps (VII, X), une par une allusion à l'automne (VIII). 6. Millot, I, 16 ; cf. Hist. litt., VII, 130. Chabaneau (Reviu des l. XVllJ GUIl.l.AUME I\ II est extrêmement regrettable que nous ne puissions formuler sur lc lieu d'origine et lcs premières manifestations dc cette poésie que de simples hypothèses ■ . VI. Manuscrits. — Les onze piccesdc Guillaume nous ont été conservées par les manuscrits suivants : C — Paris, Bibl. Nat., fr. 856 (pièces I, IV, V, VI, VII, VIII. IX, XI) ; D = Modène, N, 45 (VI, XI): E = Paris, Bibl. Nat . . fr. 1749 (I, III. IV, VI, VII, IX): 1 = — — fr. 854 (XI); K = — fr. 1247? ( XI ) : .V et N 2 ==■ Cheltenhani, Bibl. Philipps, 8335 (double copie de II, V, VI, X, XI); R = Paris, Bibl. Nat., fr. 22543 (XI) : V = Venise, Bibl. Marc. app. cod. XI (V) : - Modène. Bibl. Estense N. 8,4 (Xen deux copies, a< tla', XI); La pièçe VII nous a été aussi conservée dans le Breviari d'c,- mor de Matfré Ermengau (a) . Les mss. C et E ont une source commune ' . VII. Plan de la présente édition. — Toutes les pièces qui se trouvent dans C ont été, malgré les imperfections graphiques de ce ms. >, reproduites d'après lui, et son texte n'a été écarté que dans les passages manifestement fautifs. Quant aux autres mss., j'en ïì donné toutes les variantes utiles. mais je n'ai pas cru devoir rom., XXXV, Ì02) suppose que la cour d'Eble de Ventadour était une ècole de poé^ie « où s'étaient peut-ètre formées antérieurement plusieurs généra- tions de poètes ». 1. Jeme permets de renvoyer à celles que j'ai développées dans la Rrvur des Deux-Mondes (i cr t'év. 1903, pp. 669-74). 2. }'ai:Cpllationné moi-même tous les mss. de Paris; je dois le texte ou les variantes de A' à M. Chaytor, à' a á M. Bertoni, qui a depuis donné une cdition diplomatique de ce ms. (II Can^oniere proven\ale de B. Amoros, Fri- bourg, 191.1). j. Les principales sont l'usage fréquent de Ih pour / simple à la fin des mots et l'abus de y. MANUSCRITS - PLAN DE l ÊDITION \1\ relcver toutes leurs variantes graphiques ; j'indìquc ici en note leurs principales particularités '. Les traductions sont trop lîttérales pour viser á l'élégance ; on comprendra aisément pourquoi je n'ai pas traduit certains passages. I'.ii classé les pièces par genres, plaçant d'abord lcs pièces badines, eu dernier lieu la pièce du ton le plus grave ; elles sont rangées dans chaque groupe en allant des formes les plus simples aux plus com- pliquées. Voici du reste une table de concordance qui facilitera lcs comparaisons avec la liste dc Bartsch (à gauche sont les numéros de Bartsch, à droite ceux de la présente édition). i Ab la doussor. X 2 Bc voill que sapchon VI 3 Compaigno, farai. I 4 no posc II 5 tant ai III 6 Farai chansoneta VIII 7 — un vers (— Un vcrs farai) I\ r 8 Mout jauzens IX 9 Voir phts hiiit, p. viii. io Pos de chantar. XI 1 1 — vezem VII 1 2 L'n vers farai pos (= En Alvernhe) V i. N (les deux copies ne présentent guére de ditfcrences) hésite, à la linalc, entrc l^, ; ; ct í, rcmplacc -ier (de -ariu m) par -er, omct n caduque, note n mouillcc par gn ou igu ; — I) présente les deux prcmicrs de ce^ traits, écrit « caduque et / aprés n, n'ccrit presquc jamais (comme les autres mss. italiens) u après ujet des nouvelles qui parviennent à mes oreilles et à mes yeux, â sayojr qu'une dame en appelle à moi de ses gardiens. 11. — lìlle dit qu'ils ne veulent accepter ni droit ni loi (rien en- tendre), maisqu'ils la tiennent enfermée à eux trois, et que, si l'un lui lâche un peu la courroie, l'autre la lui resserre d'autant. iii. Tels sont les désagréments qu'ils lui causent : l'un est un 4 GUILLAUME IX L'us es compains gens a for mandacarrei, E meno trop major nauza que la mainada del rei. 9 iv [E|t eu dic vos, gardador, e vos castei, E sera ben grans folia qui no'irj crei : Greu veirez neguna garda que ad oras non somnei. 12 v [Q]u'eu anc non vi nulla domn' ab tan gran fei, Qui no vol prendre son plait o sa mercei, S'omlaloignade proessa que ab malvestatznon plaidei. 15 vi [Ej si - 1 tenez a cartat lo bon conrei, Adoba-s d'aquel que troba viron sei ; Si non pot aver caval ... compra palafrei. 18 vii [N]on i a negu de vos la'm desautrei : S'om li vedava vi fort per malavei, Non begues enanz de l'aiga que-s laisses morir de sei ? 21 charmant compagnon, courtois comme 1111 charretier (?j : et ils tnènent beaucoup plus grand bruit que la « mesnie du roi. iv. — Et moi, je vous dis ccci, gardiens, et donne ce conseil — et il serait bien fou celui qui ne me croirait pas — : difficilement vous trouverez une garde qui par instants ne sommeille. v . — Pour moi, je n'ai jamais vu dame de si grande foi qui, si on lui refuse toute convention et tout accommodement, si on l'é- loigne de l'honnêteté, ne recoure á de méchants artifices. vi. — Si vous lui tenez hors de prix la bonne denrée, elle s'arran- gera de ce qu'elle trouvera sous sa main; si elle ne peut avoir un cheval, elle achètera un palefroi. vn. — Nul parmi vous ne me niera ceci : si, pour cause de mala- die, on lui défendait le vin fort, il boirait de l'eau plutôt que de se laisser mourir de soif. III. COMPANHO, i.Wl \l IGUTZ D AVOLS CONRJ viii [CJhascusbeuri'ansde l'aiga que*s laissesraorirde ssei. 111. COMPANHO, T\M Al AGUTZ D'AVOLS CONHh i Companhu, tant ai agutz d'avols conres' Qu'ieu non puesc mudar no'nchafl e que no - m pcs; Hnperono vueill c'om sapcha mon afar de maintas res. 3 II E dirai vos m'cntendensa de quc es : .. . . i . No m âzauta cofls gardatz 111 gorcs ses peis, Ni gaoars de malvatz homes c'om de lor t'aitz nonagues. 6 . - ■ III Senher Dicus, quez 'es dcl nion capdels e reis, Qui anc premiers gardet con cpm non csteis ? C'anc no fo mestiers nigarda c'a si dons cstes sordeis. iv Pero dirai vos de çon cals es sa leis, - Com scl hom que nial n'a tait e pcitz n'a pres ; Si c'autra res cn mcrma qurn pana. e cons en creis. 12 v E silh qui no volran creire mos casteis Anh'o vezer pres lo bosc en un deyeis : Fer un albrc c'om hi tailla n'i naison [ho] dos ho treis. 1; vi E quan lo bocx cs taillat/. nais plus espes, vlii. Certes. chacun boirait de l'eau plutôt qué de sc laisser mourir dc soií. GLULLAUMl-: IX E'lsenher no'ii pert son eomte ni sos ses; . A reversplanh hom la tala si-1 dampn... t« vii Tortzes ca... dan noi a... IV. — Farai un vers de dreyt nien i Farai un vers de dreyt nien : Non er de mi ni d'autra gen, Non er d'amor ni de joven, **•* ? Ni de ren au, Qu'enans fo trobatz en durmen Sobre chevau. 6 ii No sai en qual hora-m fuy natz : .No suy alcgres ni iratz, — No suy estrayns ni sui privatz, 9 Ni no'n puesc au, Qu'enaissi fuy de nueitz fadatz, Sobr' un pueg au. 12 iii No sai qu'ora-m suv endurmitz Ni quora - m velh, s'om no m'o ditz. IV, 1. — Je ferai un « vers » sur le pur néant : il n'y sera question ni de moi ni d'autres gens, ni d'amour ni de noblesse, ni. d'autre chose ; je viens de le composer en dormant, sur un cheval. 11. — Je ne sais sous quelle étoile je suis né : je ne suis ni joyeux ui triste, ni revêche ni familier, et je n'en puis mais ; qar.tel je fus doué par une fée, une nuit, sur une haute montagne. iii. — Je ne sais si je dors ou si je veillc, à moins qu'on ne me le IV. — i ak.\! UK VERS Dl DREY1 NIEÏ 7 Per pauc no m'es lo cor partitz i , D'un do\ corau ; E uo m'o rjretz una soritz, — Per sanh Marsau ! 18 iv Malautz suy e cre mi murir, E ren no - n sai mas quan n'âug dir ; Metge qùerrai al micu albir, 21 E no sai cau ; Bos metges cr si*m pot gucrir. Mas non, si amau. 24 v Amigu' ai icu, nO sai qui s'cs, Qu'anc non la vi, si m'ajut fes ; Ni-m fes que-m plassa ni que-m pes, 27 Ni no m'en cau, Qu'anc non ac Norman ni Frances Dins mon ostau. î" vi Anc non la vi ct am la fort, Anc no n'aic drcyt ni nomi ics tort; dise. Peu s'en faut que mon cceur n'éclate d'un chagrîn mortel : mais [e n'en fais pas plus de cas que d'unc souris, par saint Mar- tial ! iv. — Je suis malade et je crois que je vais mourir, et je n'en sais rien (de ma maladic) quc ce qu'on m'cn dit; je chercherai un mé- decin à ma fantaisie, et je ne sais qui [ce sera] : il scra bon s'il peut me guérir, roauvais, sî mon m.il s'aggrave. v. — J'ai une amie, mais jc ne sais qui elle est, car jamais, de par ma foi, je ne la vis ; jamais elle n'a fait chose qui m'agrce ou me dèplàise, et il ne m'ep chaut ; car jamais il u'y eut ni Normand ni Français dans ma maison. vi. — Jamais je ne l'ai vue et je l'aime fort, jamais elle ne m'a fait (,1'II.I.AUME 1\ Quan non la vey, be m'en deport, ;; No - tn pretz un jau, Qu'ie-n sai gensor e bellazor, E que niais vau. 56 vn Fagai lo vers, no say de cuv ; E trametrai lo a selhuv Que lo - m trametra per autruv w Lav ves Anjau, Que - m tramezes del sieu estuy La contraclau. 42 V. -- Farai lx yers, pos M! somelh 1 Farai ùn vers, pos mi somelh, E - m vauc e m'estauc al solelh. Domnas i a de mal conselh, 5 E sai dir cals : (.cllas c'amor de cavalier Tornon a mals. droit ni tort : quand je ne la vois pas, je me passe aisément d'elie, car je n'estime pas cela la valeur d'un coq; j'eu sais une, en effet, plus aimable et plus belle et qui vaut davantage. vìi. — Mon « vers » est fait, je ne sais sur quoi : je vais l'envoyer .! celui qui, par un autre, l'enverra Ià-bas vers l'Anjou... V, 1. — je t'erai un « vers », puisque je suis endormi et que je marche, tout en restant au soleil. II y ades dames pleines de. mauvais desseins, et je puis vous dire qui elles sont : ce sont celles qui tournent à mal (méprisent ') l'amour des chevaliers. V. FARAI UN vi.us. POS Ml SOMBLH ^ Domna fai ^r.in pechat mortal Qe tio .ima cavalier leal ; Mas si es monges o clergal, ^ Non .1 raizo : Per dreg la deuri' hom cremar Ab un tezo. iz En Alvernhe, part Lemozi, M'en aniey totz sols a tapi : Trobei la moller d'en Guari i; E d'en Bernart; Saluderon mi simplamentz Per sant Launart. i« La una - m diz en son latin : « E Dieus vos salf, don pelerin ; Mout mi semblatz de bel aizin, 21 Mon escient ; M.is trop vezem anar pel mon De folla gent. » m u. — Elle t'ait un grand péché, un péché mortel, la dame qui n'aime pas un loyal chevalier ; si celui qu'elle aime est un moinc ou un clerc, elle a tort : on devrait la brûler sur des tisons ardents. III. — En Auvergnc, de l'autre côté du Limousin,je m'en allais, seul et sans bruit, quand je rencontrai la femme de sire Garin et celle de sire Bernard ; elle me saluèrent aimablement, au nom de saint Léonard. iv. — L'unc mc dit en son langage : « Dieu vous soit en aide, sire pélerin ; vous me semblez de fort bonne race; mais nous voyons aller par le monde bien des fous. » Guillaumr IX 2 lO GUII.LAUME IX v Ar auzires qu'ai respondut ; Anc no li diz ni bat ni but, Ni fer ni fust no ai mentaugut, 27 Mas sol aitan : « Babariol, babariol, Babarian. » $0 vj So diz n'Agnes a n'Ermessen : « Trobat avem que anam queren. Sor, per amor Deu, Talberguem, 53 Qe ben es mutz, E ja per lui nostre conselh Non er saubutz. » ?6 vn La una - m pres sotz son mantel, Menet m'en sa cambra, al fornel. Sapchatz qu'a mi fo bon e bel, 39 E'l focs fo bos, Et eu calfei me volentiers Als gros carbos. 42 vin A manjar mi deron capos, V. — Or, sachezce que je lui répondis ; je ne lui dis n'i « bat » ni « but », je ne lui parlai ni d'outil ni de manche, mais lui dis seule- ment : « Babariol, babariol, babarian. » vi. — Alors, Agnès dit à Ermessen : « Nous avons trouvé ce que nous cherchons. Ma sceur, pour l'amour de Dieu, hébergeons-le, car il'est vraiment muet : jamais par lui notre conduite ne sera con- nue. > vii, — L'une me prit sous son manteau et me mena dans sa chambre, près du fourneau. Sachez que ccla me plut fort ; le feu était bon, et je me chauffai volontiers auprès des gros charbons. viii. — Elles me firent manger des chapons; sachez qu'il y en \. FARAl UN VBRS, POS M I SOMELH II E sapchatz ac i mais de dos, E no'i .\c cog ni cogastros, t . M.is sol nos tres, E*l pans fo blancs e"l vins fo bos E'l pebr' espes. *8 i\ Sor, aquest hom es enginhos, E laissa lo parlar per nos : N'us aportem nostre gat ros ;■ De mantenent, Qe*l fara parlar az estros, Si de re-nz ment. » S4 x N'Agnes anet per l'enujos, E fo granz et ag loncz guinhos; o o o Et eu, can lo vi entre nos, i7 Aig n'espavent, Q.'a panc non perdei la valor E l'ardiment. 6<> \i Qant aguem begut e manjat, Eu mi despoillei a lor grat. avait plus de deux. 11 n'v avait là ni cuisinier ni marmitons, mais nous trois seulement ; le pain était blanc, le vin bon et le poivre en abondance. ix. — « Sceur, cet homme est perfide et se retient de parler à cause de nous: apportons tout de suite notre chat roux, qui le fera parler sans retard, s'il essaie de nous tromper. » X. — Agnès alla chercher la déplaisante créature : il était gros et avait de longues moustaches. Quand jc le vis entre nous, j'en eus peur, et peu s'en f a 1 1 u t que je nc pcrdisse ma valeur et ma har- diesse. xi. Quand nous eùmcs bu et mangé, je me dévêtis à Ieur 12 GUILLAUMh IX Detras m'aporteron lo gat 05 Mal e felon ; La una - l tira del costat Tro al tallon. e>6 xii Per la coa de mantenen Tiral gatet el escoi^sen : Plajas mi feron mais de cen 09 Aqella ves ; Mas eu no'm mogra ges enguers, Qui m'ausizes. 72 xiii « Sor, diz n'Agnes a n'Ermessen, Mutz es, qe ben es conoissen : Sor, del banh nos apareillem 7S E del sojorn. » Ueit jorns ez encar mais estei En aquel forn. 78 xiv Tant las fotei com auzirets : Cen e quatre vint et ueit vetz, j. Q'a pauc no - i rompei mos coretz 81 E mos arnes ; volonté. Derrière moi elles apportèrent le chat méchant et félon, et l'une le tira le long de mes côtes jusqu'au talon. xii. — Par la queue, sans retard, elle tire le chat, et lui |mc] griffe; je reçus ce jour-là plus de cent plaies ; mais je n'eusse pas bougé, quand on eût dù me tuer, xiii. — u Sceur, dit Agnès à Ermessen. il est vraiment muet, c'est visible. Préparons donc le bain et songeons à nous donner du bon temps. » Huit jours et davantage je restai en ce lieu. xiv. — I. — BKN vi Kl.ll Q.OÉ SAPCHON 11 PLOZOH M E no*us puesc dir lo malaveg, Tan gran m'en pres. - 1 Ges no*us sai dir lo malaveg, Tan gran m'en pres. 86 VI. — Be\ VUELH Q.UE SAPCHON' II PLUZOR Ben vuelh que sapchon li pluzor D'cst vers si's de bona color, Qu'ieu ai trag de mon obrador : Qu'ieuport d'ayselh mestier la flor, Et es vertatz, I-] puesc ne traire'l vers auctor Quant er lassatz. leu conosc ben sen e folhor, E conosc anta et honor, Et ai ardimen e paor ; E srm partetz un juec d'amor VI, i. Jt: vclix qu'on sache s'il est de bonne coulcur, cc petit " vers » sorti de mon atelier : c'est que, en ce métier, j'emporte la tleur, en vérité, et j'en prendrai à témoin ce o vers » lui-même, quand il sera lacé. ii. — Je connais bien sagesse et folie ; je connaishonte ethomieur ; je connais audace etcrainte; et si vous me propose/ unjeu d'amour, 14 GUILLAUME IX No suy tan fatz No-n sapcha triar lo melhor D'entrcls malvatz. 14 m Ieu conosc ben selh qui be-m di, E selh qui-in vol mal atressi, E conosc ben selhuy quimi ri, E srl pro s'azautonde mi, 18 Conosc assatz Qu'atressi dey voler lor fì E lor solatz. 21 iv Mas ben aya selh qurm noyri, Que tan bo mestier m'eschari Que anc a negu non falhi ; Qu'ieu sai jogar sobre coyssi 25 A totz tocatz ; Mais en say de nulh mo vezi, Qual quemi vejatz. m v Dieu en lau e Sanh Jolia : je ne suis pas si sot que de tous les partis je ne sache choisir le meil- leur. 111. — Je connais bien celui qui medit d'agréables paroles, et tout aussi bien celui qui m'en dit de mauvaises ; je connais biencelui qui me rit, et si les bons se plaisent en ma société, je comprendsque je dois, en revanche, désirer leur agrément et leur plaisir. iv. — Béni soit celui qui m'éleva et qui me rendit si liabile quc jamais je ne manquai à personne ; je sais, sur un coussin, jouer à tous jeux ; j'en sais plus qu'aucun de mes voisins, tel que vous me voyez (?). v. — J'en loueDieuet saintjulien: j'ai si bien apprisle plus doux VI. BEN VUELH QUE SAPCHON II PLUZOR l, Tant ai apres del juec doussa Que sobre totz n'ai bona ma, E selh qui cosselh mi querra \j Non l'er vedatz, N'i us dc mi non tornara Descosselhatz. vi Qu'ieu ai nom o maicstrc ccrta » : Ja m'amigu' anueg no m'aura Quc no m vuelh' aver l'endema; Qu'ieu suy d'aquest mestier, so*m va, ?9 Tan ensenhatz Que bem sai guazanhàr mon pa En totz mercatz. 4î vn Pero no m'auzétz tan guabier Qu'ieu non fos rahusatz l'autr'icr. Que jogav'a un jocgrossier, Que-m tbn trop bos al cap primier (.6 Tro fuy 'ntaulatz ; Quan guardiey, no m'ac plus mcsticr, Si - m fon camjatz. 49 vin Mas elha-m dis un rcprovier : desjeux quc,par dcssus tous, j'ai une bonne main(jem'y distingue); si quelqu'un me demande un conseil, je nc lc lui refuserai pas et nul ne mc quittera san^ cmporter un bon avis. vi. — J'ai pour nom « maitrc infaillible » : jamaismon amic ne m'aura possédc une nuit qu'elle nc mc vcuille le lcndcmain ; jcsuis, je rn'en vantc, si bien initruic dc cc métier que jc puis, gràce à lui, gagner mon pain sur tous marchés. l6 1,1 lll.Al MH l\ « Don, vostre dat son menudier, Et ieu revit vos a doblier. » Fis m'ieu : « Quim dava Monpeslier, jj Non er laissatz. » E leviey un pauc son taulier, Ab ams mos bratz. jé ìx Et quant Taic levat lotaulier, Empeis los datz, Eill duy foron cairavallier E - l terz plombatz. 60 x E tì-ls i'ort ferir al taulier, E fon joguatz. 62 VII. — PUS VEZEM DE NOVELH HLORIR Pus vezem de novelh rlorir Pratz o vergiers reverdezir, Rius e fontanas esclarzir, Auras e vens, Ben deu quascus lo joyjauzir Don es jauzens. VII, 1. — Puisque nous voyons de nouveau rleurir les prés et les vergers reverdir, les ruisseaux et les ibntaines couler plus clairs, les vents et les brises [souffler plus doucement], il est juste que chacun savoure la joie qui lui est départie. VII. — PUS VEZEM DE NOVELH II.orir 17 ii D'amor non dey dire mas be. Qu.ir no n'ai ni petit ni re ? Quar ben lcu plus no m'en cove ; 9 Pero leumens Dona gran jov qui be - n mante Los aizimens. 12 iii A totz jorns m'es pres enaissi Qu'anc d'aquo qu'amiey non jauzi, Ni o faray ni anc no fi, 15 Qu'az esciens Fas mantas res quc-1 cor me di : « Tot es niens. » iS iv Per tal n'ai meyns dc bon saber Quar vuclh so quc no puesc avcr, E si - 1 rcpro vi crs mc diti: ver 21 Certanamens : A bon e oratge bon poder, Qui's ben sufrrens. » 24 v Ja no sera nuils hom ben tìs 11. — D'amour jc ne dois dirc quc du bicn ; si jc n'cii ai ni pcu ni prou,c'cst pcut-ctrc quc jc n'cn dois pas avoir davantagc ; mais je sais qu'il donnc aiscment grande joie á cclui qui observc scs lois. 111. — -Tcllc a toujoursétc madestincc quedc cc que j'aimais je n'ai pu jouir ; il cn fut,il en sera toujours ainsi, car souvcnt, au moment où j'agis, j'ai conscience quc mon coeur me dit : « Tout cela est vain . » iv. — Sij'ai moins dc joie [que les autrcs], c'est qucjc veuxceque jc nc puis avoir, ct pourtant le provcrbc me dit vrai qui dit : « Bon courage produit t;rand pouvoir, quand 011 sait paticnter. » V. — Nul ne pcut étre assuré de triompbcr de l'amour s'il ne se Guillaume IX 3 l8 GUILLAUME IX Contr'amor si non l'es aclis, Et als estranhs et als vezis 27 Non es consens, Et a totz sels d'aicels aizis Obedíens. 3° vi Obediensa den portar A motas gens, qui vol amar, Ecoven li que sapcha far 33 Faigz avinens, E que*s garten cort de parlar Vilanamens. 36 vii Del vers vos dig que mais en vau Qui ben l'enten ni plus l'esgau, Que-1 mot son fag tug per egau 59 Cominalmens, E-l sonetz, qu'ieu mezeis mem lau, Bos e valens. 42 soumet en tout à sa volonté, s'il n'est complaisant envers les étran- gers comme envers les gens du lieu, attentif aux caprices de tous ceux qui habitent ce séjour [celui de la femme aimée). vi. — II doit être attentif aux caprices de bien des gens, celui qui veut aimer ; il lui faut régler sa conduite de façon à plaire, et se garder, dans les cours, de parler en vilain. vii. — Je vous dis, au sujetdece « vers »,que celui-là en vaut da- vantage et mérite plus de louanges qui le comprend et en jouit le mieux ; car tous les couplets sont exactement réglés sur la même mesure, et la mélodie, j'ai le droit de m'en vanter, en est bonne et belle. VIII . — IARA1 CHANSONETA NUEVA 19 \in A Narbona, nias ieu DO'i vau, Sial prezens Mos vers, e vnelh que d'aquest lau - 45 M sia guirens. ix Mon Esteve, masieu no - i vau, Sia - ] prezens 48 Mos vers e vuelh que d'aquest lau Sia guirens. VIII. — Farai CHANSONETA NUEVA 1 Farai chansoneta nueva Ans que vent ni gel ni plueva; Ma dona m'assai' e - m prueva, 5 Quossi de qual guiza l'am ; E ja per plag que m'en mueva Nom solvera de son liam. 6 viu. — Que ce « vers » aille à Narbonne, puisque je n'y vais pas ; qu'il lui soit présenté, et je veux que de cet éloge il me soit garant. ix. Q.ue ce vers soit présenté à mon Estève, puisque je ne puis aller á lui ; et je veux que de cet éloge il me soit garant. VIII, 1. — Je ferai une chansonnette nouvelle, avant qu'il vente, gèle et pleuve. Ma dame rae tente et m'éprouve, pour savoir de quelle façon je l'aime : mais jamais, quelles que soient les querelles qu'elle me cherche, je ne me délierais deson lien. 20 GUILLAUME IX ii Qu'ans mi rènt a licvs e*m liiírej Qu'en sa carta-m pot cscriure. E no m'en tengatz pcr yurc 9 S'ieu ma bona dompna am, Quar senes lieys non puesc viurc, Tant ai pres de s'amor gran fam. 12 iii Que plus etz blanca qu'evori, Per qu'ieu autra non azori. Si'in breu non ai ajutori, 15 Cum ma bona dompna m'am, Morrai, pel cap sanh Gregori, Si no'm bayz' en cambr' o sotz ram. 18 iv Qual pro y auretz, dompna conja, Si vostr' amors mi deslonja ? Par queus vulhatz metre monja. 21 E sapchatz, quar tan vos am, Tem que la dolors mc ponja, Si no*m faitz dreg dels tortz qu'ieus clam. 24 11. — Au contraireje me rendsetmelivreà elle, si bien qu'elle pcut m'inscrire en sa charte. Etne me tenez pas pour insensé si je l'aime, cette dame parfaite, car sans elle je ne puis vivre,tellement j'ai faim de son amour. iii. — Vous ctes plus blanche qu'ivoire : et c'est pourquoi jen'adore nulle autre que vous. Si dans peu je n'obtiens secours, si ma dame ne me montre pas qu'elle m'aime, je mourrai, par le chef de saint Grégoire, à moins qu'elle ne me baise en chambre close ou sous la ramée. iv. — Qu'ygagnerez-vous, dame jolie, si vous m'éloignez de votre amour ? II semble que vous vouliez vous faire nonne. Mon amour est tel, sachez-le, que je crains de mourir de douleur, si vous ne réparez les torts au sujet desquels j'élève envers vous ma plainte. I\. - MOUT JAUZENS MÉ PRENC BN AMAK 21 v Qual pro y auretz, s'ieu m'enclostre E no'ra retenetz per vostre ? Totz lo joys del mori es nóstre, — 27 Dompna, s'amduynos amam. Lav al rûieu amic Daurostre Dic e man que chan e [110] bram. >«> vi Per aquesta fri e trémble, Quar $ III Lo departirs m'es aitan grieus Del seignoratge de Peitieus ! En garda lais Folcon d'Angieus Tota la terra e son cozi. 12 iv Si Folcos d'Angieus no*l socor, E"l reis de cui ieu tenc m'onor, Faran li mal tut li plusor, Felon Gascon et Angevi. 16 v Si ben nos es savis ni pros, Cant ieu serai partiz de vos, Yias l'auran tornat en jos, Car lo veiran jov' e mesqui. 20 vi Merce quiera mon compaignon, S'anc li fi tortqu'il mo perdon ; 11. — Je vais partir pour l'exil : en grand'peur, en grand péril, en guerre je laisserai mon íìls, et ses voisins lui feront du mal. iii. — Qu'il m'est pénible de la quitter, laseigneurie de Poitiers , Je laisse à la garde de Foucon d'Angers et la terre ct son cousin. iv. — Si Foucon d'Angers ne le secourt pas, ainsi que lc roi de qui jc tiens mcs domaincs, il aura tout à craindrc d'un graud nombre dc gens, des fclons Gascons et Angevins. \'. — S'iln'cst passage etprcux,quand je me serai cloignc de vous, bicn vite ils l'auront mis à bas, car ils lc verront jeune et faible. vi. — Jc criernerci à mon prochain : si jamais je lui ai fait tort. 28 GUILLAUME IX Et ieu prec en Jesu del tron Et en romans et en lati. 24 vii De proeza e de joi fui, Mais ara partem ambedui ; Et eu irai m'en a scellui On tut peccador troban fi. 28 viii Mout ai estat cuendes e gais, Mas nostre Seigner no-1 vol mais ; Ar non puesc plus soffrir lo fais, Tant soi aprochatz de la fi. 32 ix Tot ai guerpit cant amar sueill, Cavalaria et orgueill ; E pos Dieu platz, tot o acueill, E prec li que*m reteng' am si. 36 x Toz mos amics prec a la mort Que vengam tut e m'onren fort, qu'il me pardonne : c'est aussi la prière que j'adresse à Jésus, roi du ciel, et en roman et en latin. vii. — J'ai été ami de prouesse et de joie ; mais maintenant je doisme séparer de l'une et de l'autre pour m'en aller à celui auprès de qui tous les pécheurs trouvent la paix. vin. — J'ai été grandement jovial et gai ; mais Notre-Seigneur ne veut plus qu'il en soit ainsi : maintenant je ue puis plus supporter le fardeau, tant je suis proche de la fin . ix. — J'ai laissé tout ce qui me charmait, la vie chevaleresque et pompeuse : puisqu'il plaît à Dieu, je me résigne, et je le prie de me retenir parmi les siens. x. — Je prie tous mes amis qu'après ma mort ils viennent, tous, XI. POS DE CHANTAR MES PRBS ÌAI.INV 2^) Qu'cu ai avut joi c deport Loing e pres et e mon aizi. 40 \i Aissi guerpisc joi e deport — E vair e _L;ris e sembeli. *i tem'honorent grandement, car j'ai connu joie et liesse, et loin et prcset áans ma demeure. xi. — Mais aujourd'hui je renonce a joie et tSesse : je quitte ie vair et le «ris et les précieuseá t'ourrures. BIOGRAPHIE Lo coms de Peitieus si fo uns dels majors cortes del mon, e dels majors trichadbrs de dompnas ; e bons cavalliers d'armas, e larcs de dompneiar. E saup ben trobar e can- tar ; et anet lonc temps per lo mon per enganar las domnas. Et ac un fill que ac per moiller la duquessa de Normandia, don ac una filla que fo moiller del rei Enric d'Englaterra, maire del rei jove, e d'en Richart, e del comte Jaufre de Bretaingna. (Biographies des troúbadours, éd. Chabaneau, dans Histoìre de Languedoc, éd. Privat, X, p. 214.) VARIANTES ET NOTES I. — COMPANHO, EARAY ON VERS ...COVINEN Manuscrits : C 251 r (moins ìa str.'ix), E 1 1 > ; texte de C. Rubrique : Conis de Peytieus C, C. de Peitieus E — 1-7 L'ablation vignette initiale n'a laissè Jans E que les débuts ou les fins de vers : Compan... et aur... de sen Et er... e de joven. E tenhatz... Quins en so... Greu part... a son talen. Dos cavals... — 1 Manque une syllabe, supplêer tot (Crescint) ou des. — 6 si fai C ; ponr Vinterprè- tation voir Bertoni, Annales du Midi, XVII, 361. — ■ 8 Bons C, niaiiqiie dans E; e ardit E — 9 E nols C; tener amdos E ; consen /:' — 10 adomesgar E — 11 volgraillors E — 12 meils E ; d'ome viven C; de nuill home v. E — -13 laun fon d. montaniers C — 14 mas tan fera estranheza longuamen C — 1 5 de£ ; ballar C — 16 fon C ; noiritz saios pres Colofen E — 17 no ... belazor E — 19 quieu C; donei poilli E — 20 sei E ; tan de coven E — 21 s'ilh C, s'il E ; ten /; ; quiel tengues cen C ; sen E — 22 cavalliers C, cavalier E ; con- seill. . . pensamen E — 23 fui eisarratz E — 24 Res C, E E ; cal me tenha de N'Ancnes ho E — 25-7 ne sout que dansE — 25 Gunel. II. — COMPAIGNO, N'OX PUOSC MUDAR QU'EO NO m'EI-FREI Manuscrits : X 226 v° (N) et 231 r° (N 2 ) ; texte de A'-. Rubrique : Lo cont de Piteus N 1 ; Lo coms de Peitau N. — Les lettres iuitiales manquent ù partir de ìa str. II Jans les deux mss. — 1 puous N', pus À T — 2 Do n...auzidai A' J — 3 Que una A 7 -, Q.'una .V — 6 largu A T =, larga A T — 8 foc N 2 N (Barlsch et P. Meyer corr.), man- dacairei .V- ; Bartsch voil dans mandacarrei uu composéde mandar et de carrei <7 traduit par « charretier »>, Chabaneau (Revue d. 1. r., XXXI. 61 2) iJentifie cairei à quadrivium et ver>ait là volontiers « un noni >2 GUILLAUME IX propre oti plutôt un sóbriquet,peut-ètre celui d'un chef de bande », M. Rajna lirait cairei dérivéde caire « pierre de tailìe » et traduirait par « lanceur depierres ». L'interprétation reste trés douteuse. — 9 major correction de maica N* , nauta N 2 N — 11 gran iV=, gran folta N — 12 verrez ; sonei N* N — 15 malvastatz A 7 — 18 uuer caval X ; cumpra N 2 N — 20 Sem N> N — 22 laises N* N. III. — COMPANHO, TANT AI AGUTZ u'AVOLS CONRES Manuscrit unique : E 114 v°. Rubr. : Coms de Peitieus. — 5 gorc — 6 lors. Le sens est dott- teux. Je propose de corriger ac ges et d'entendre : des hotiiities teìs qtCon n'a jamais en (vú) d'eux des actes, (tttais seulement des fanfaronnades). — 12 // manque au moins une syllabe au premier hémistiche — 13 sels — 18-9 Vablation tfune vignette a tnutiìè la fin de la pièce ; toutefois Li strophe vn était certainemeni la dernière ; au v. 18 011 peut ìire : sil damnatges non i es pres ; au v. 19 peut-être : Tortz es car honi planh la tala, quan negun dan no i a pres. IV. — Farai un vers ue dreyt nien Mantiscrits : C 230 v°, E 114 ; texte de C. — Cette • pièce est le plus ancien exemple connu du genre appele' devinalh, dont Appel a rèuni quelques spécimens (Chrest., p. 80-3). Ilest très analogueà la fatrasie du XII I e siècìe, au coq-à-1'âne du XV 'I*. Rubr. : Coms de Peytius C ; Comte de Peyteus E — 1 dreit E — 5 fuy C — 6 Sus un chivau E — -7 qual guiza'm C — 8, 9 etc. soi E — 9estranhs E ■ — 13 fuy CE; endormitz£ — 14 cora'm veill£ — 17 fromitz E — 19 Malvatz soi e cre E — 20 re E ; no CE — 22 sai tam C : E nom sai tan 011 can E ; 011 pourrait ìire aussi en modifiant lêgè- rement la leçon de £;non sai tau, « je tten connais pas de tel » (c. à d. qui soit à nia fantaisie) — 23 b. m. es quim C — 24 Mas ia non sía mau C ; Mor non si mau E ; fadopte pottr ce vers le texte et ìe sens propòsés par MM. Levy (s. v. amalir) et Appeì. — 23 M'amigua C — 26 C'anc no E ; lan C — 29 C'anc E — 32 dreit E — 34 prez E VARIANTES i l NOTES \} — ì; genser... belazor /: — 5(1 mai E — Eutre les str. vi et vu, /:' II NOTES >5 ! me pres per lo uutel, En le ch.ibra emmena al fbrnel. \7. c'.i mi bo bon e bel, Lo focs fo bon, ci m'escaufai volonter 42 An ^ros carbon. \111A man/ar me degron capos, E sazaz que foron mais de dos. 4S Et non i t'o COg ni cogu.istros, Sol que nos tres ; Lo pan fo ch.ilt. lo vin fo bo, Lo pevr'espes. ix • [-Jors, aques hom es engignos, E lasa lo p.trlar per nos : S 1 Piandon per nostre g.it ro-. De mantenent, CU lo fara parlar d'estros 34 Et der.iiament. n Donc anderon per l'enojos, Qui a gr.mt onglas e lonc gi- fgnons ; 57 Lt ieu, quan lo vic entre nos, Ac pro espaven ; A pauc non perdiey la valors 60 E l'ardimen. xi Qjuan agren begut e manzat, Iio me despolei a lor grat. 63 Dctries me porteron un cat Mal e fello ; Tiren lo mi per lo costat 66 Tro qu'au talo. xn Fer la coa de manteuen Pilleron lo gat ez escoissen ; 69 Plaie me feron mais de cen Aquella ves : Mas cu non parleria ges, 72 Qui m'aucies. xni • Sor, dis n'Agnes e n'Ermessen, Mut/ es, ben lo es conoissen ; 7', Mas pur del baing apaireillcm Ê del sojorn. » viii. jorn e/ ancar m'en estei 7S En aquel sotom (o;< socorn). xiv Las futi tant cum auziretz : xx. im. viii. ves, 81 A pauc no n rompei mon cores iv Launa'm pres sotz somantelh, I t .1 mi fon mout bon e belh. Meneron m'en .1 lur fornelh, 1/1 toc fom bo, Et ieu caltei me voluntiers 24 Al gros carbo. v A manjar nie deron capos, E"l pan fon caut/ ei vin fon bos, 27 lit icu dirncv nic volentOS l'ort et cspes ; V.X anc sol 110 y ac coguastro, 30 Mas quan nos tres. vi t Sor, aquest hom es enginhos, E l.iiss.i son parlar per nos : 33 Aportatz lo nostre cat ros Tost e corren, Que ti*n fara dir veritat, 36 Si de res mcn. d vii Quant ieu vi vengut l'enujos, Grans ac los pels r fers los gui- [nhos, 39 Ges son solas no mi fon bos, Totz m'espaven ; Ab pauc no perdiey mas amors 42 E l'ardimen. viii Quant agucm begut e manjat, Despullev m'a lur voluntat. 45 Derreirc m'apporteroi cat Mal e l'ello. Et escorgeron me del c.ip 48 Tro al talo. ix Per la coai pres n'Ermessen E tira ei cat escovssen ; 51 Plaguas me feyron mays dc cen Aquella ves ; Coc me, mas ieu per tot aquo, 54 No'm mogui ges. x Ni o feyra, qui m'aucizcs. Entro que pro fotut agues 57 Ambedos, qu'ayssi fonempres, A mon talen ; Ans vuelc mais sufrir lá dolor 60 Ei grcu turmen. xi Aitan fotey cum auziretz : C. e quatrc x.\. vm vct/. 63 Abpaucno-m rompet mos corretz GUILLAUME IX E mon arnes ; Non vos sai dir lo maleves S.j Con m en es pres. E mos arnes ; E venc m'en trop gran malavec 66 Tan mal me fes. xn Monet, tu m'iras al mati, Mo vcrs portaras el borssi, 69 Dreg a la molher d'en Guari Ed'en Bernat, E diguas lor que per m'amor 72 Aucizo - ! cat. VI. — Bex vuelh que sapchon li pluzor Manuscrits : C 230 v», D 198 r°, E 113, N 226 r° (.V) et 230 v° (W«) ; textede C. Rubr. : Comte de Peitius C, Peitavin D, Coms de Peitieus EN' ; anonyme N 2 . — Díins N Tinitiale de la plupart Jes couplets manque. 1 Ar voill D, vueill E, vuoill .V ; auzon D, sapcho .V ; pluror E — 2 d'un vers si es E, un versetde N; de bella c.D — 3 trait E. trah N ; de bon E — 4 aqest D, aicel E ; mester DN — 6 Lo vers en trac ad auctor D, en (ne E) trair lo CE, E pos ne trairel v. autor N — 7 can er N; finaz D, lasatz E — 8 ben conosc s. D ; eu E : folor • DE — 9 et ancta conosc D, ancta N — 11 partes D ; joc £>/; — 12 son D, soi E; tant DN — 13 Q'eu no tries ben lo meillor E ; prendre A r — 14 vers lo malvaz D ; entrels C, dentrel N — 15 Eu c. be sel que /:; celui que N — 16 sel (cel N) quem v. m. autressi EN; (i'.s' deux vers sont refaits dans D : Ben conois qui mal me di E qui ben me di atressi — 17 be celui EN — 18 s'azautan D ; e selhs (sels E) que CE — 19 conois D, e conosc E — 20 Ci'eu dei ben voler lor si D; autresi N ; deu A T ; lur E — 21 lur E — 22 Mas manque DE, Vinitiale seuìcmcnl manque A'; aia DHX ; que - m DEN ; nori N — 23 bon EN; m'escari E — 24 Et anc de re no - i m'es failli D; negun... failli£A 7 — 25 Que de j. C ;coissi DEN — 27 Mas D ; no say DE ; que nulh C ; nuill (nul N) mon DEN — 28 Quel queTn vezaz A T — 29 Dieus C ; Lau en Deu D ; saint Julia EN, Julian D — 30 apris D; juoc D, joc E; dolzau D, dolcha N — 32 E cel q. conseill me qera D, Ma ja (mas ja N) hom (uninque X) qui c. mi querra (quera N) EN — 33 No E, Noill er DN — 34 Ne ja negus no t. D; Ni un C, Nuill A T ; no E ; tornera N — 35 Dcscon- variantis BT NOTES J7 seill.itz /:', Descosselha/ DN }6 ai mo CN ; maistre D/'.V ; sei certaa D— 37 E ja dona nuoiz nom'a. D: Nî ja una noitno m'a. -V — 58 vueill E, voill D.V ; cent deman D — 39 Qu'eu soi ben (be E) des (dot /;') mestíer /;.V; rom van D, sobra A T — 40 easeinaz N — 43 F. pero srm vousist gaber D; m'auzes gabier E ; As no'm'.iuzez tant ufaner .V — 44 toz en fui tausatz D; lauzatz E — 45 Qu'eu DN : .1 joc .V — 46 E (o tant bos D ; el C; primer A* — 47 fo taulaz D.V: taulatz C: fui eutaulatz E — 48 Quemig. C, Equantgarde no m'ac mester D, Quam gardei E, Can me gardiei non ac m. .V — 49 chamzaz D, caminatz .V- — 50 Mas ela-m DEX (Tinitiah manque X) \ reprocher D, reproser N — 51 vostres (nostres E) datz CE; menuder D, meunder (?) .V — 52 Ez .V Et errevidatz a dobler D — 55 Dis ieu C ; Monpenser D, Monpesler .V, Monspesler .V- — 54 laisatz E — 5 > Et ai li levat lo taulier D ; levei E ; lo t. .V — 56 manque D — 57 cant gic levat (levalis X-) lo tauler A r — 58 Empys C, Empeinz D, Espeis £, Peins A 7 — 59-60 manquent D — 59 El C Cil iV; caramaillier E, cairat ualer .V: mot douteux: cara- mailîier í/í E pourrait se rattacher à escarmalha « t ; /r<; à califourchon » (auand les dés chei'aucìient, le coup est ;/;//) ; Chabaneau proposait de ìire cairat manier/ « deuxdês e'laieut carrêset loyaux (« à /a mdtn »), Tautre plombè ». — 61 fis E ; ben f. C; E feri ferm sus el tauler .V — 62 fo jogaz D.V. VII. — PtJS VI-ZEM DE NOVELH FLORIR Manuscrits : C 231 r°, E 115, a (ww. Camporí) 459, a (Breviari d'A- mor') : le.xte de C — fai tenu cotnpte, dans la traduction, de quelques observaiionsde M. P;7/í/(Beitràge zur Kritik der áltesten Trouba - dours, Breslau, /9//). Rubr. : Coms de PeitieusCE, Bertran de Pessars a — 1 Mal v.a ; novel l'ii - 2 ereverdezir E — 4 ventz a — 5 cascus E ; chauzir a 6 sui j. 11 — 7 ben a — 8 Cals no ia... ren a — 9 covena — 11 be CE; manten a — 12 jausimenz (.', cors /; : volver /:' — 15 consir E — 16 jorns E — ■ 17 E qui'l bel /;' — ■ ' 19 humeliar E — 20 E tot'autr'amors E — 22 douset esgar /; — 23 sent tailS /;' — 2 <;= ; dont amajor <7 ; — 7 m'es bon e bel manquent a 1 , remplacés par mi — 8 messatgers a : — 11 Entro que ieu sapcha b. la fì <;-: Tro queeu s. b. de fiNN* — 12 S'il e. a. qomel d. <;- — 13 vostr .Y 2 a- ; va NN 2 — 14 albrespi o 1 — 15 en manque .;' a 2 ; tremblan a l ; en trenan A'.Y 3 — 16 ab la NN 1 ; ploie al giel a' — 17 sol .Y.Y- <;■ — iS la fueilla vert enl r. a l , ramoi a 2 ; par la fueilla verz A'A'- — 19 Anqar a 1 , Ancar , D 190 \°, I 142, K 128 r°, A^ 227 r° (N) el 231 v° (A' 2 ), R coms de Peytieus. 1 Pus de chant.ir m'es pres talens, Farai un vers, don suy dolens: Xo scrai mais obediens 4 De Pcvtau ni de I.emozi. 11 Pus lo partirs m'es aitan greus Del senhoratge de Peytieus, Es garda lai Falco d'Angieus 8 Tota ma terra e mon cozi. Falco d'Angieus nolh socor, 1:1 reysdecuyieu tenc m'onor, Mal li faran tug li pluzor, 12 Que - ] veyran jovenet meschi. IV leu m'en anaray en eyssilh, Laissarai en guerra mo lìlh. !:n gran paor et en perilh, 16 E fnran ly mal siev vezi. \ Si moh non es savis e pros, Guays e vezis e artillos, Tost l'auran abayssat en jos 20 l'ello Guasco et Angevi. Guillaiiinr IX R Covis de Peitieus. 1 Pus de chantar m'es pres talens, Faray. I. vers, don soy dolens : Non seray mays obediens .) Fn Peytaus nien I.emozi. 11 Aysi laysi so c'amar suelh, Cavalaria eterguelh : E de drap de color me tuelh 8 E bel caussar e sembeli. ni Lo departir m'esaytan greus Del senhoratje de Peytieus : En garda laise-1 coms d'Angeus 1 2 La terra e a son cozi. iv Si-1 pros comsd'Anjíieu nol Ei bon rev de cuy tenc honor, Guerreguar l'an siev sordcyor. 16 Can lo veyran jovefray. V Eras ni'en vau ieu cn essilh : Eb gucrra layssaray mo filh, En guerra et en gran perilh, 2ii Guerreyaran tutz siey vezi. 42 GUl i.i.aumi; IX vi De proeza e de valor sny, M.is ara nos partem abcìuy : Et ieu vauc m'en lay a seluy 24 On merce clamon pellegri. vn Aissi lays tot quant amar suelli, Cavalairia et orguelh ; E vauc ni'en lai ses tot destuelh 28 On li peccador penran li. viii Merce quier a mon companlio, S'an li lis tort, que lo*m perdo ; Et ieu prec ne Jnezus del tro 52 Et en romans et en lati. ix Mos enemicx prec a la mort Que sion metge mon cofort, Qji'ancse amey joi e deport 36 Luenh de me et en mon ai/i. \ Aissi gurpisc joy e deport }8 E var e gris e sembeli. vi Merce clama mon companho, S'anc li tì tort, que - l me perdo; Et ieu prec ne Jhs del tro 24 En romans et en mon lati. vii Totz mos amicx prec c'a la mort Sian de mi e m'oron fort, Qu'eu ay avut joy e deport 28 El luenh e pres del mon aysi. vni De proesa e d'ardimen Soy avut, may vau m'en parten, Et ieu a seluv vray ni'en 32 On totz peccadors pènran G. La mêlodie de cette pièce avait eu du succès ct s'ctail conservée îong- temps ; 1111 des morceaux lyriques insêrés dans le Jeu de Sainte Agnès (XIV* siècîe) ètait chanté in sonu del comte de Peytieu (voy. éd. C. Arnaud, iSjj ; Baitscb-Koscbwit^, Chrest . , col. 439, et la reproduc- tion photographique de Monacî). Le manuscrit u'en donne maìheureu- semeni que quelques notes (yoy. Restori, Per la storia musicale dei tro- vatori, p. 90), dont voici la transcription par M. J. B. Bccì; : KT^ 1 , 1 1 J""' 1 ( 1 1 hv 1 1 1 1 J 1 r I 1 l> i y/-. v. aizi, aizin V 21, origine, race (?); VII 29. XI 40, séjour. aizimen \'II 12, convenance, loi. aizinar (se) X 3, s'accommoder, sc pourvoir de. aizir (sej IX 2, <\icconimoder . albespi X 14, aubèpine. albir IV 21, fanlaisic. amalir, br. ind. 1 aniau I\' 24, être málade. assemblar IX 46, manifester (?) (cf. Levy, S.-W., I, 88). // sembìe qu'on ait untransfert desens anahgue dans lc adunat dn Saint Léger. 91. auctor \'I 6, garant. aura VII |, brise, vent léger. azautar (se) VI 18, se plaire. babarian V 50, et babariol V 29, parole indistincte (pnomatopée). bailar 1 13, êtriller ; sur ce sens, cf. Annalesdu Midi, XVII, 362, 1;. t. bat ni but V 26, ni ceci ui cela . blandir IX 39, courtiser, s'humilier , l sa dame . capdel III 7. cbef, maitre. capo V 43, chapon. cairavallier VI 39, (. ; ) voir la note. celar IX 39, dissimuler (l'amour). dergal V 9, clerc. cog \' 43, ciiisinier. cogastro V 43, aide-cuisinier, inarmi- color \'I 2. manière, sorte. conja VIII 19, voir cuende. conoissen V 74, visible, reconnaissable. conre III 1, ei conrei II 16, dcnrèe. consen VII 28, consentant, complai- sanl . contraclau IV 42, seconde clef. coret (pour coreg)V 81, courroie (?). cossentir, pr. ind. } cossen I 9, sup- porter. coutel (aver la pessa e - l c.) X 30. avoir lout ce qui est nècessaire pour manger. Cette locution se prèsente sons iuie forme 1111 peu dijférente (te- ner lo pan e - l coutel) dans Peirc d'Auvergne (èdit. Zenîer, III, 7). cuende IX 29. fém. eonja VIII 19, joxeux, joli. dat \'l >1, i^. dé ii jouer. deportar (se) IV 33. se passer 'de. desautrejar II 19, dèconseiUer. deveis (pour deves) III 14, domaine rèservc. doblier (/>o»rdoblar) VI 52, redoubler, recommencer . dons indècl. III 9, IX 21, 37, daine. doussa VI jo, dour, agrèable. dreyt IV 1, pur (rcnforcc ìa significa- lion dii inot auqiiel il esl joint). enavantir IX 42, promouioir. enclostrar (se) VIII 25, se cloitrer. encortezir IX 30, devenir courtoìs. enfolezir IX 27, devenir fou. enguers V 71. encore ; cf. enguera (Év. de S. Jean daus Bartscb, Chrest4. 10, 33). enquer X 19, encore. entaular \'I 47, s'asseoir uu jeu. escharir VI 23, èchoir cn partage. escoissendre, pr. ind. ) escoissen V 68. dècbirer. esguar IX 22, aspect. esmerar IX 11, se purifier, briller. espelir (se) X 28. se répandre (?). ' estaca II 6, courroie, licou. gi.ossairi: l') eftenher, prct. ; esteis III 8, mourir. estíers IX 3, en dei (az ) V ; ;. en báte. VIII i ;. /; oire. f.id.ir IV ii. pridestiner. tr IX 15. í'imaginer. t'er ( ni f. ni fust ) V 27, nt cea' w/ cíia, cf. Chcv.ilier au lion, 213. t"i Vl 21), agriment, plaisir ; X 11, 20. fin, conclusion ; XI 28, paix. formir (se) IX 8, se soucier de. fornel V }8, poêle. t'ust V 27, wm> fer. uorc III 5, étang. vivier. guabier (pour gu.ibar) \'I 4;. railier. gnarnimen I 11, iquipement. guerpir XI 55. 41. ábandonner. guinho V 56, moustacbe. i->s.irr.ir I 23. einbarrasser . joven I 3, I\' 3. joi, joy ] 3, IX 19, 25, XI 25,39,41, joif d'amour, excitation provoquèe par l'amoitr ; cf. Settegast. « Joi » in der Sprachc dcr troubadours, ioq. lati. latin V 19, X 3, 23, iangage ; XI 24. latin. lau VII 45. 49. IX S, 42, louange. laiin, una I 13. V 57. Sur cetteforme, frèijuente à partir du XIII cf. Noulet et Cbabaneau, Deux manuscrits provençaux du JUV e sicclc, 166; Jeanroy et Teulié, Mvs- tcrcs prov., XXXIX. liam X" III 6. lien. linh \'III 34, postériti, nia javcr bona| \'I 31, avoir le dessus, ■ distinguer. main.id.i II 9. suite, cortège. malavci II 20, malaveg V 83, 85. malaise, maladie. mandacirrei II 8. (?) ; VOÌr la note. mandamen 125, posieaiou, fief. menudier \'I 31, trop liger (en par- lant d'un dè) . niermar III 12. diminner. mesqui XI 20, faibìe. monja \'III 21, nonne. montanhicr I 13, montagnard. morir IX 26. faire mourir. obedien XI 3. servant d'amour. obrador \'I 3. atelier. onor XI 14, fief. oras(ad) II 12 de temps à autre. panar III 12. voler. pessa (avcr la p. el coutel) X 30 ,• voir coutel. plaídejar II 15, proccder, se tirer J'af- faire. plaure, subj. pr. ; plueva VIII 2, pleuvoìr. ple\ir I 27, garantir. quada trei II 3, trois par trois. Sur ce sens distributif voir Levy.s.v., Cba- baneau, Gramm. lim., 318,//. 1, et Mistral. rahusar VI 44, repousser, diconcerter. reprovier VI 50, VII 21, dicton, pro- verbe. reverdezir VII 2, verdoyerde nouveau. revidar VI 32. faire une invite (au jeu). ricor IX 20, nobîesse, semhcli XI 42, martre, fourrure pri- cù 11 ■<'. semble \'II1 33, semblable. ses (pour ccs) III 17, cens, redevance. solatz VI 21, agriment, plaisir. sordeis III 9, pis (adv.). suffrir \'II 24. patienter. tala III 18, dommages. taulier \'I 35, 37, 61, table de jeu (métapb.). tocatz (a totz) VI 26, à tous coups. triar IX 47. choisir. tron XI 23, cìeì . vanar(se) VI 39, se lanter. vilanejar IX 29,1« comporter en vilain. \'iron II 17, aiitonr de. yure VIII 9, ivre. insensé. TABLE INTRODUCTION III-XIX I. — Biogrtipbie III II. — Èdilions et travaux antérieurs v III. — CEitvrcs apocryphes : pi'cces perdues vm IV. — Langue et- versification . . . . s V. — Le poète XVI VI. — Manuscrits xvm VII. — Phin de la présente édition xvni CHANSONS 1-29 BIOGRAPHIE 50 Variantes et notes ■ > 1 Index des noms propres 4> Glossaire 44 LES CLASSIQUES FRANÇAIS MOYEN AGE COLLECTIOX DE TEXTES ERAXÇAIS ET PROVEXÇAUX ANTÉRIEURS A 1500 PUBLIÉE SOUS LA DIRECTIOX DE Mario ROQUES Directeur adjoint à l'École pratique des Hautcs Etudes Pour paraitre en ipij : Philippe de Novare, Mémoires (1218-1243), éd. par Ch.rles HOHLER. Peire Vidal, CEuvres, éd. par Joseph Anglade. Chrétien de Troies et ses continuateurs, Pbrceval, éd. par Mary W ili.iams : la continuation de Gerbert de Montreuil. Le Coronement Looïs, chanson de geste du xn e siècle, éd. par Ernest Langlois. Aucassin et NlCOLETTE, chanteíable, éd. par Mario Roq.ues. Béroul, Le Roman de Tristan, éd. par Ernest Muret. Aspremont, chanson de geste du xii« siècle, éd. par Lolts Brandin. Gormond Er Isembart, fragment de chanson de geste du xii<= siècle, éd. par Alphonse Bayot. Pira.mus ET TlSBÉ, pocmc du XII« siècle, cd. par C. DE BoER. Narcissus, poème du xn^ siècle, éd. par A. Hilka. LES CLASSIQUES FRANÇAIS DU MOYEN AGE COLLECTION DE TEXTES FRANÇAIS ET PROVENÇAUX ANTÉRIEURS A 1500 PUBLIÉE SOUS LA D I R li C T I O N DE Mario ROQUES Directeur adjoint à l'École pratique des Hautes Études. 1. — La Chastelaine de Vergi, poème du xm c siècle, éd. par Gaston Raynaud, 2 c éd. revue par Llcien Foulet. Un volume in-8° de vn-55 pages o fr. 80 2. — François Villon, OEuvres, éd. par un ancien archi- VISTE [AUGUSTE LONGNONJ. [Sn volume in-8° de xvi-124 pages 2 fr. 3. — Courtois d'Arras, jeuduxm c siécle, éd. parEDMOND l'AHAL. Un volume in-8° de vi-34 pages o fr. 80 4. — La Vie de Saint Alexis, poème du xi e siècle, texte critique de Gaston Paris. Un volume in-8° de vi-50 pages 1 fr. 50 5. — Le Garçon et l'Aveugle, jeu du xm e siècle, éd. par Mario Roques. Un volume in-8° de vi-18 pages o fr. 50 6. — AdamleBossu, trouvère artésien du xm c siècle, Le Jeu de la Feuillée, éd. par Ernest Langlois. Un volume in-8° de xiv-76 pages 2 fr. 7. — Les Chansons dk Colin Muset, éd. par Joseph Bédier, avec la transcription des mélodies par Jean Beck. Un volume in-8° de xni-44 pages 1 fr. 50 8. — Huon le Roi, Le Vair Palefroi avec deux versions de la Male Honte, par Huon de Cambrai et par Guil- laume, fabliaux du xm c siècle, éd. par Artur Lang- 1 ors . Un volume in-8° de xv-68 pages 1 fr. 75 9. — Les Chansons de Guillaume IX, duc dAquitaine (1071-1127), éd. par Alfred Jeanroy. Un volume in-8° de xix-46 pages 1 fr. 50 «ACON. PROTAT l'HRHK.-. mPRIHBURgi I nr^íJ i. ^-■7 "' ^"J ^' .T ^ - 0) O G i •H P CC oí -P -H •H rH cr P l> O o- P-, UNIYERSITY OF T0R0NT0 LIBRARY Do not re move the card from this Poclcet. Acme Library Card Pocket Under Pat. 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